Le déclin est désormais si généralisé qu’il est légitime de se demander ce qui pourrait émerger de nouveau alors que tant d’éléments anciens disparaissent.

Cela touche en premier lieu, en tant que fondement de notre existence et de nos actions, l’esprit humain et la manière dont nous le mettons à contribution.

« Mère et fille » dessin de Sylvie Dubal

Le jour des élections et les jours suivants, et cela concerne également d’autres grands événements politiques, il est recommandé de fermer les fenêtres, de baisser les stores, d’éteindre la télévision et la radio. Une fois de plus, nous avons affaire à un concierge qui se prend pour un roi* et qui cherche à attirer notre attention.

La véritable politique, positive, se déroule depuis longtemps dans les relations directes, si l’on ne se contente pas de rester dans sa bulle personnelle, entouré de ses semblables. Elle n’a guère lieu dans le divertissement des émissions d’information.

Il est certes intéressant d’observer le déclin du niveau de nombreux hommes et femmes politiques de notre époque. Mais ce qui nous intéresse davantage, c’est le déclin en lui-même, qui agit de manière globale et inclusive.

Même l’émergence de nouvelles puissances, comme la Chine et l’Inde, n’est pas le signe d’une nouvelle culture, car elles continuent d’agir sous l’ancien signe de l’exploitation. Elles construisent plus vite, plus grand et plus efficacement, en appliquant des matériaux bon marché.

Le déclin nous touche au plus profond de nous-mêmes. On peut aller jusqu’à dire que même notre pensée y est incluse. Nous avons porté la pensée structurée, la logique, à son apogée. Maintenant, on les sous-traite aux ordinateurs.

Un énorme espace de liberté naît avec le déclin, qui amène tant de choses à la mort, à la disparition. Cela signifie peut-être la prochaine étape de notre évolution humaine. Si la pensée telle que nous la faisons et la connaissons aujourd’hui n’est plus viable, car nous ne sommes plus en mesure de retenir une simple recette de cuisine, la question se pose alors : Quel type de pensée prendra présidence sur la pensée structurée ?

Il est probablement trop tôt pour en donner réponse, mais je suis convaincu que regagneront leur place véritable la méditation, la contemplation, zazen. Pas pour tous, mais pour certains.

Ici l’esprit n’accumule pas d’informations, le moment est vécu comme toujours nouveau. La sensualité et les mouvements, qui caractérisent notre existence sur terre, se mettent en avant. Il y a l’intuition d’être lié avec l’inconnu.

Avec la multiplication de textes et d’informations incertaines, il est possible qu’une époque viendra où souvent les mots n’auront plus de sens, où on pourra difficilement les utiliser. Ce serait alors la méditation partagée, qui nous permettra de continuer à vivre et à communiquer.

Jonas Endres 12/11/2024


* Cette expression fait référence à une parabole bouddhiste : le concierge représente l’ego, tandis que le roi symbolise notre esprit originel.